pleume a écrit :Sauf que c'est une réponse à côté du débat. Si le but est de lister tous les réalisateurs qui ont fait un chef d'oeuvre dans les 50 dernières années, soit.
Mais le débat est plutôt la créativité dans les 5 dernières années dans les séries est supérieure à la créativité dans le cinéma ou pas.
J'attendais plutôt les chefs d'oeuvres récents. Dans la liste que tu cites, y-a-t-il un chef d'oeuvre de moins de 5 ans (Moonlight on peut débattre mais cela a moins de 5 ans, c'est déjà ça) ? C'est une question sérieuse. Dans les oeuvres que tu cites à côté des réalisateurs, quasiment toutes ont plus de 5 ans ou on peut débattre de l'aspect "créatif".
Pour moi une indication du dynamisme supérieur des séries à l'heure actuelle est la présence d'acteurs "cinéma" dans tant de séries, chose impensable à l'époque de la plupart des films que tu cites.
Tu écris que les références que je propose sont trop vielles, qu’elles ne démontrent rien, qu’il faudrait comparer série et cinéma sur une période de temps restreinte et récente. A ceci je répondrais deux choses. Premièrement que tu n’as pas pris le temps de considérer attentivement mes propositions sinon tu ne suggèrerais pas qu’un seul des films cités date de moins de cinq ans, deuxièmement, et surtout, que ton parti pris temporel me parait arbitraire et sans intérêt. Pourquoi cinq ans ? A quoi correspond cette période ? Qu’ont donc montré de décisifs les créateurs de séries durant cette période ?
Le renouveau qualitatif (perçu) des séries est plus ancien. L’idée qu’une série puisse être intéressante remonte à la fin des années 1990. Au départ, cette idée me parait s'expliquer par le succès de X Files et de quelques autres séries américaines plutôt innovantes. Puis elle a été soutenue par le développement du DVD et un peu plus tard du streaming, deux nouveaux supports qui permirent au public de voir davantage de séries, notamment celles qui n’étaient pas diffusées à la TV. Mais bien avant cela - le public d’alors l’avaient peut-être oublié - certaines séries avait déjà rencontré un succès considérable, des productions anglaises notamment : Chapeau Melon et bottes de cuire, encore diffusée à la télévision en France en 2018, Le Saint, Amicalement Vôtre… pour n’en citer que trois qui, soit dit en passant, furent portées par des acteurs reconnus au cinéma comme à la télévision. Cela n'a rien " d'impensable ".
L’idée qu’il ne faudrait comparer cinéma et séries sur les cinq dernières années me parait donc mal fondée. Il me parait préférable de comparer les créateurs et les créations des deux champs. Dans le cadre de cette comparaison, j'observe que la valeur des meilleures séries que j’ai pu voir est inférieure à la valeur des films que je considère comme les meilleurs. Je pense que les plus grands créateurs et les plus grandes créations sont encore du côté du cinéma. Je ne dis pas qu'il n'existe aucune très bonne série et aucun mauvais film. Je ne dis pas qu'une série ne peut pas être supérieure à un film. Je dis que les oeuvres les plus riches sur le plan artistique, se trouvent coté cinéma. Je ne dis pas que les choses ne changeront pas, je dis qu’elles n’ont pas encore changé. Ce point de vue ne m’empêche pas de regarder beaucoup de séries, parfois avec une certaine ferveur.
Selon moi la supériorité des meilleurs créations cinématographiques s’exerce sur tous les plans : celui de la forme de l’image, celui de l’écriture, celui de la direction d’acteurs et surtout celui de l’intelligence et de l’importance du propos. Ce leadership esthétiques est à mon avis reconnu sans peine et assumé par les créateurs de séries qui restent d'ailleurs beaucoup moins connus que les grands cinéastes. Les emprunts de toute sortes qu’ils font au cinéma, le montrent.
Il faut faire attention à une chose lorsque l'on évalue séries et cinéma. Les premières ne sont pas diffusées dans les mêmes conditions que les seconds. Les premières sont massivement et facilement accessibles, ce qui n'est pas forcément le cas des grands films qui ne sont pas toujours bien distribués lors de leur sortie en salles, puis trop peu représentés sur les plateformes de VOD. On rencontre de facto sur ces médias plus de bonnes séries que de grands films : cette disparité engendre des effets de perception dont il faut se méfier.
Je finis par une remarque rapide sur la suite de ton raisonnement. Il me semble que tu confonds le dynamisme et la créativité. Le dynamisme renvoi au rythme de l’activité. La production de série est dynamique au sens où l’on en produit beaucoup actuellement. Mais que dire du dynamisme des productions cinématographiques ? Elle ne me parait pas en berne.